La galeriste Denise René, de son vrai nom Denise Bleibtreu, est décédée le lundi 9 juillet 2012

 

J'ai rencontré Denise René il y a quelques années grâce à Pierre Iynedjian et j'ai été invité à plusieurs reprises par sa galerie à la foire de l'art de Bâle. J'ai aussi été invité à des expositions collectives dans sa galerie à la FIAC et au Salon des Découvertes à Paris. Rencontres extraordinaires faites de passion et de respect.

 

Conversation avec Denise René par Catherine Millet - extrait p. 144

"Comme vous avez pu le voir au Salon Découvertes, j'ai récemment présenté de nouveaux artistes, Augsburger, Glattfelder, Andolfatto et Zanotti. Et je continue de chercher." "Quand à Augsburger, je suis allé voir son atelier, dans la région de Lausanne, sur les recommandations d'un collectionneur."

 

Il y a quelques semaines encore, juste avant une malencontreuse fracture du col du fémur, Denise René s’apprêtait à partir pour Bâle et être présente sur le stand de la galerie, comme elle l’était fidèlement chaque année en juin.

Elle venait d’avoir quatre vingt dix neuf ans et, par bien des aspects, elle nous donnait l’impression qu’elle serait toujours parmi nous, continuant à venir chaque jour à la galerie, prenant seule ses taxis ou l’avion pour se déplacer à l’étranger, comme il y a deux ans au Brésil où elle avait rencontré un autre centenaire célèbre, l’architecte Oscar Niemeyer.

C’est sans aucun doute cette détermination indomptable qui caractérisait cette femme, si frêle et si incroyablement forte, dont le destin est inséparable de l’histoire de l’art moderne qu’elle a profondément marquée, par l’intuition brillante dont elle a fait preuve, la chance des rencontres et des amitiés nouées, mais également grâce au travail acharné qu’elle a déployé sa vie durant, aux côtés de sa sœur Lucienne avec qui elle avait démarré l’aventure de la galerie à la fin de la seconde guerre mondiale.

La beauté est un combat, et seuls son œil et sa pugnacité auront permis d’imposer, avec l’abstraction géométrique et le cinétisme, une tendance majeure de l’art contemporain et de révéler plusieurs des grandes figures artistiques du 20e siècle, traçant dès 1951 dans l’exposition Klar Form, une ligne rigoureuse dont la galerie se fera dès lors le porte-parole.

C’est elle, on le sait, qui la première a exposé Mondrian à Paris en 1957 quand les musées français hésitaient à le faire, montré avant tout le monde Malévitch, Albers, ou les avant-gardes polonaises, assuré le succès d’Herbin, Arp ou Jacobsen, et imaginé en 1955 l’exposition Le Mouvement, d’importance historique, qui marquera la naissance du cinétisme, avec Tinguely, Vasarely, Agam, Soto, plus tard suivis par Cruz Diez, Le Parc et la génération des artistes latino-américains qu’elle attirera à Paris.

extrait de www.deniserene.com